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Un « mariage » est-ouest

avril 2nd, 2011

Au Japon, les boissons alcoolisées sont toujours accompagnées d’un repas, ou tout du moins d’un petit accompagnement appelé otsumami. Qu’il s’agisse de bière, saké ou même spiritueux, les japonais ne conçoivent pas de boire sans manger. Et pourtant, l’idée d’accord met et boisson n’est quasiment jamais abordé dans la culture traditionnelle japonaise.

Cela ne signifie pas que le saké, boisson nationale du Japon, soit mal adapté à la cuisine locale, au contraire, mais l’influence subtile que celui-ci exerce sur les plats n’est historiquement pas sujet de conversation. En fait, lorsque l’on parle d’accords mets et vin au Japon, on parle de « mariage », un mot emprunté de la langue française, qui fut importé au Japon avec la culture du vin dans les années 70 et 80.

Aujourd’hui encore, alors que les japonais développent un réel intérêt pour les accords mets et vin, cet élan s’applique avant tout à la cuisine française et italienne. La gastronomie japonaise continue d’offrir bière et saké, sans se préoccuper de la manière dont ceux-ci affectent le plat.

S’agit-il d’une différence culturelle, ou simplement d’une conséquence liée au fait que les caractéristiques des différents sakés soient moins prononcés, moins définies géographiquement que le vin, qui offre des expressions radicalement différentes selon sa couleur, son origine, la maturation en barrique, le niveau d’acidité ou de tanins, etc.?

Fusion vs. mariage

Mais le monde se rapproche, nous voyageons plus et plus loin, et découvrons ainsi de nouvelles cultures et leur gastronomie. Peut-être est-il temps d’explorer sérieusement la manière dont le vin se marie avec la cuisine japonaise.

La cuisine dite « fusion », qui tire son inspiration d’une multitude de styles internationaux, a été un mouvement fort dans la gastronomie des années 90. On en retrouve les principes fondamentaux dans la cuisine moderne, mais cette philosophie s’applique-t-elle aussi aux accords mets et vin?

Le dictionnaire Larousse parle de « réunion en un seul groupe de divers éléments distincts ». En effet, la cuisine fusion réunit des ingrédients de diverses origines dans le but de créer un plat nouveau. Il s’agit là de création.

Mais nous parlions de mariage. En tant que couple franco-japonais, nous vivons ce concept au quotidien, et il ne fait pas de doute que nous soyons restés deux individus bien distincts, avec nos propres caractères !

Contrairement à l’idée de fusion, le mariage conserve les éléments individuels, et ce qui doit être créé, c’est le lien: un nouveau rapport entre deux identités bien définies. Tout comme le vin, la cuisine japonaise repose sur des siècles d’histoire.

Qu’il s’agisse des saveurs ou d’individus, la quête de l’accord idéal n’est pas question de créativité, mais dépend bien de l’expérience, le compromis et de la compréhension mutuelle!

2 Responses to “Un « mariage » est-ouest”

  1. Bonjour,
    Chercheur en géographie de l’alimentation, je prépare une communication sur l’alliance mets-vins au Japon. J’aimerais vous posez quelques questions.
    Merci pour votre site, très complet et très « alléchant ».
    Bien à vous
    VM

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